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Le pape et nous

Le pape est dit-on un Chef d'Etat, celui du Vatican. Qu'il y règne en monarque élu par des évêques venus du monde entier lui confère une autorité évidemment religieuse éminemment plus importante.

Mais il semblerait cependant qu'il ait dans l'ambiguïté de cette double fonction dont la seconde pèse plus lourdement que la première, tenté de s'en tenir aux limites d'un discours éminemment politique. Et ses références à la transcendance, bien naturelles puisqu'il est le pape, ne peuvent être l'arbre qui cache la forêt des réalités économiques et sociales sur lesquelles il revient en permanence.

Et tous ceux qui se laissent aller à l'anticléricalisme, que personnellement je serais tenté d'utiliser fréquemment tant je constate que les religions monothéistes ont fait et font encore un usage nuisible à l'évolution de l'humanité, n'ont pas nécessairement raison de l'être en la circonstance.

Il faudrait citer les trois quarts du discours de ce pape pour étayer ce point de vue. C'est pourquoi j'en conseillerai la lecture.

Faire appel à un peu plus de circonspection en l'occurrence parait utile d'autant que nous avons à mener un combat unitaire d'où se tiennent éloignés nombre de catholiques avec lesquels nous pouvons agir.

Je cite 3 paragraphes mais j'invite mes lecteurs à lire le discours en entier :

"Aujourd’hui, la promotion des droits humains joue un rôle central dans l’engagement de l’Union Européenne, en vue de favoriser la dignité de la personne, en son sein comme dans ses rapports avec les autres pays. Il s’agit d’un engagement important et admirable, puisque trop de situations subsistent encore dans lesquelles les êtres humains sont traités comme des objets dont on peut programmer la conception, le formatage et l’utilité, et qui ensuite peuvent être jetés quand ils ne servent plus, parce qu’ils deviennent faibles, malades ou vieux.

Quelle dignité existe vraiment, quand manque la possibilité d’exprimer librement sa pensée ou de professer sans contrainte sa foi religieuse ? Quelle dignité est possible, sans un cadre juridique clair, qui limite le domaine de la force et qui fasse prévaloir la loi sur la tyrannie du pouvoir ? Quelle dignité peut jamais avoir un homme ou une femme qui fait l’objet de toute sorte de discriminations ? Quelle dignité pourra jamais avoir une personne qui n’a pas de nourriture ou le minimum nécessaire pour vivre et, pire encore, de travail qui l’oint de dignité ?

Promouvoir la dignité de la personne signifie reconnaître qu’elle possède des droits inaliénables dont elle ne peut être privée au gré de certains, et encore moins au bénéfice d’intérêts économiques."

Certes le pape ne prône pas le combat de classe contre les multinationales et n'avance pas l'idée de collectivisation, mais il dénonce un système que nous communistes voulons dépasser. Cela n'est déjà pas si mal !

http://www.eglise.catholique.fr/sengager-dans-la-societe/leurope/386833-...

Un autre extrait à partir duquel ceux qui, non perfectionnistes en "écriture", me font l'honneur de suivre mes commentaires, reconnaitront l'une de mes préoccupations, fondée sur mon insistance à opposer l'homme (l'humain) être social au concept purement individualiste et "naturel". Une préoccupation exprimée par le pape qui sans entrer dans une profonde réflexion philosophique, en dit cependant assez pour déranger ces catholiques ultras ou néophytes, qui hantent les rangs du FN et d'un certaine droite et au delà d'ailleurs !

"Mais il convient de faire attention pour ne pas tomber dans des équivoques qui peuvent naître d’un malentendu sur le concept de droits humains et de leur abus paradoxal. Il y a en effet aujourd’hui la tendance à une revendication toujours plus grande des droits individuels, qui cache une conception de la personne humaine détachée de tout contexte social et anthropologique, presque comme une « monade » (μονάς), toujours plus insensible aux autres « monades » présentes autour de soi. Au concept de droit, celui – aussi essentiel et complémentaire – de devoir, ne semble plus associé, de sorte qu’on finit par affirmer les droits individuels sans tenir compte que tout être humain est lié à un contexte social dans lequel ses droits et devoirs sont connexes à ceux des autres et au bien commun de la société elle-même."

PARU DANS L'HUMA

Le pape François ou la dignité humaine comme programme

Stéphane Aubouard

Mercredi, 26 Novembre, 2014

Le pape François a appelé à « Maintenir vivante la réalité des démocraties » face à « la pression d’intérêts multinationaux non universels », hier à Strasbourg, au parlement européen.

Devant un hémicycle plein, le pape François a prononcé hier à Strasbourg un discours où l’homme doit se situer au cœur des réflexions politiques, non pas comme seul acteur économique, mais comme personne.

Strasbourg(Bas-Rhin), envoyé spécial. Il est 11 h 15 ce mardi à Strasbourg. Après une brève introduction du président du Parlement européen, le socialiste allemand Martin Schulz, initiateur de la venue du pape à Strasbourg, Jorge Bergoglio prend place en tribune au moment même où Jean-Luc Mélenchon quitte l’hémicycle. Comme il l’avait promis la veille, le député européen a alimenté la polémique quant au bien-fondé de la présence d’un chef spirituel dans cette assemblée que d’aucuns, comme l’Union des familles laïques, jugent comme étant le baume idéal pour atténuer les douleurs d’une politique européenne déshumanisée. Cependant, comme à l’ensemble des eurodéputés présents en cette fin de matinée, le discours du pape a-t-il sans doute plu en partie à l’ancien coprésident du Parti de gauche. Le numéro un du Vatican a, en effet, avec une teneur humaniste réelle, su parler aux différentes sensibilités politiques présentes dans la salle, évitant les sujets sensibles comme le mariage gay et l’avortement. Ce qui fut au fond la force et la faiblesse de ce discours.

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Le pape et nous

le 26 novembre 2014

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