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21 mars00:00
 

. Ce qui me répugne le plus en politique c'est l'opportunisme. Surtout quand il se fonde sur l'ambiguïté. Au cours de la célébration, devant le monument au mort de Tarascon, du 19 mars 1962 avec les discours et évocations diverses : sonnerie au mort, lecture des messages et de la liste des victimes de cette guerre, la Marseillaise a tenu la place qui lui revient puisqu'elle est le chant de la nation.

Par contre, bien que reconnu au titre de marche militaire, était aussi programmé le chant des Africains, tiré d'une chanson de 1915 qui s'intitulait "La chanson des Marocains" à qui l'on faisait ainsi glorifier leur engagement pour défendre la France contre l'Allemagne, laquelle soit dit en passant n'avait pas trop apprécié la conquête du Maroc.

Par maints artifices dont les opportunistes sont les champions ce chant transformé en 1940 et proposé dans les chantiers de jeunesse (instaurés sous le régime de Vichy), fut adopté par le gouvernement provisoire et porté par les troupes coloniales qui contribuèrent à la libération de la France en 1944. Puis ce furent les partisans de l'Algérie française par le truchement de l'OAS qui se prévalurent de ce chant, ainsi destiné à accompagner un "combat" bien peu glorieux, pour ne pas dire honteux.

Pauvres africains mêlés à cette évolution d'un chant censé célébrer leur patriotisme (fabriqué par les colonialismes) transformé ensuite en un chant qu'ont fait entonner au ennemis de leur indépendance. Que d'anciens combattants de l'armée française, originaires du Maghreb, de quelque origine qu'ils soient, autant que les pieds noirs, se soient largement laissés entraîner par ce chant aux origines très douteuses ne nous surprend pas. Il s'agit d'un comportement de masse lié aux engouements suscités par des idées dominantes à un moment donné.

Lesquels d'ailleurs sont liés à des contextes historiques dont il faut tenir compte. Que l'on ne veuille pas transformer le "sang impur" de La Marseillaise voire même le "du passé faisons table rase " de l'internationale s'admet au regard des transformations profondes que représentent ces deux chants dans la grande Histoire de l'Humanité mais que les hommes embarrassent - au nom de la nation républicaine - leurs cérémonies d'un chant qui évoque une vaste supercherie : à savoir qu'il faut glorifier des peuples que l'on a exploité et embrigadé pour aller mourir pour le compte de leurs propres bourreaux, cela ne les rehausse pas !