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Les héritiers (à voir et à discuter)

Les salles du REX, cinéma de Tarascon étaient combles ce vendredi dernier en début de soirée.

La projection du film "Les héritiers", avec la comédienne Ariane Ascaride et une pléiade de jeunes acteurs, avait attiré un public essentiellement constitué de personnes d'un âge se situant aux alentours de la tranche des trente-soixante ans, dans laquelle j'ai repéré des enseignants, des militants ou soutiens de l'école laïque, quelques rares lycéens et certainement pas ceux de la catégorie que mettait en scène le film ?

Quant au film l'objectif visé par les réalisateurs et artistes, qui en constituaient l'ossature, cet objectif a certainement été atteint et part, si j'ai bien compris, de faits bien réels qui ont conduit des jeunes, particulièrement axés sur des incivilités et agités, comme il s'en trouve dans certains établissements (beaucoup trop hélas mais pas suffisamment pour en faire une généralité), à s'investir dans un concours national de la résistance et de la déportation.

A l'initiative leur professeure Anna Anglès, interprétée par Ariane Ascaride. Racisme et antisémitisme étant les sujets évoqués dans le cadre de la déportation dans les années 1940/45, non sans références à ce qui se passe de nos jours !

Le film traduit cette expression de colère et parfois de désespoir inconscient qui anime une bonne partie de la jeunesse de notre pays. Très peu, pour ne pas dire aucun, sont véritablement indifférents à la situation de crise dans son évolution permanente et actuelle. Et pour cause ils en vivent au fond d'eux-mêmes les conséquences désastreuses. Mais cela ne peut suffire à leur prise de conscience qui devrait les conduire à des engagements plus forts pour transformer une société qui tend à reproduire, sous des formes différentes, les errements du passé.

Ce film, s'il est extrêmement utile ne fait cependant que s'ajouter à une multitude de récits et reportages dont nous abreuvent les médias. Je ne suis certes pas de ceux qui s'en plaignent. Bien au contraire. On ne dénoncera jamais assez le nazisme, sa "doctrine", ses dirigeants. Mais la question des origines de ces thèses malodorantes et criminelles, ou du moins ce qui leur permet de prospérer, n'est à mon sens pas suffisamment évoquée dans cette multitude de dénonciations de l'innommable.

Les sources de la prise d'une telle idéologie sur tout un peuple, ou en tout cas sur sa majorité dite souvent "silencieuse" et, il faut bien le dire par la suite, réduite au silence de fait, ont cependant à voir avec l'économie, les rapports sociaux et de classe, les comportements politiques de l'époque, lesquels ne sont généralement pas pris en compte.

C'est là qu'est le danger : faire de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre un élément de réflexion, de compassion, au mieux de protestation, ne peut suffire car même les forces, actives, complices et indifférentes à de telles dérives, 70 ans après, les récupèrent sauf quelques fous qui ont l'arrogance et le culot de se perdre dans un révisionnisme abject auquel ils ne devraient même pas devoir croire (de le Pen à Dieudonné, condamné à cet effet)

Je dis cela par ce que nous vivons dans un contexte différent où la manifestation d'une autre forme d'idéologie infecte, prend appui sur d'une religion, laquelle est certes abusivement interprétée mais surtout devient un élément troublé dont les adeptes acculés dans l'exploitation dont ils sont victimes, de l'intérieur comme de l'extérieur de leur nation, peuvent se trouver paralysés dans une sorte de neutralité incertaine.

Et s'il en est ainsi c'est que précisément déjà, l'adversaire de classe, occulte les origines et les fondements de l'extrémisme naissant, dont les exactions et les meurtres, rappellent étrangement la barbarie nazie.

Il est regrettable que se rangent dans le camp de cet adversaire de classe (les puissances économiques dominant la planète) des politiques, tels que le sont les dirigeants de la plupart des nations occidentales sans omettre ceux la même qui là ou existent les foyers de guerre s'engagent dans des batailles sans mettre en parallèle des politiques fermes de coopération prenant appui sur les peuples.

Je me suis éloigné de la critique du film qui présente des aspects éminemment positifs mais ma réflexion vise avant tout d'interpeler les personnes présentes à cette projection, dont je partage l'indignation et le militantisme contre la Shoas et la déportation en général. Interpeler, la plupart de celles qui sont dotées d'un certain pouvoir pédagogique

Des personnes dont les orientations politiques de certaines, ou les pratiques enseignantes ne sont pas, comme le fait légèrement et prudemment apparaître le film, aussi convaincues qu'il faut en revenir aux aspects économiques et géo politiques pour juger d'un crime de guerre ou contre l'humanité. Où qui l'oublient...

Etrangement c'est ce que j'ai ressenti ce soir là !

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