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On ne changera pas l'homme ?

Extrait de l'entretien publié dans l'Humanité

"Dans le grand chapitre que vous consacrez à « l’attitude matérialiste » de Marx, vous opposez cette attitude au matérialisme naturaliste aujourd’hui fort répandu pour qui Darwin suffit à tout, et qui au nom de la biologie se déclare scientifique. Que lui objectez-vous ?

Lucien Sève : Qu’il ne mesure pas l’immense différence entre matérialité naturelle et sociale, animalité et humanité, confusion catastrophique.

Un Homo sapiens élevé dans la seule nature, ça donne un enfant sauvage. Ce qui a tout changé, c’est la production par le travail humain d’un immense monde historico-social, matériel et culturel, à partir de quoi tout s’inverse : ce n’est plus par le dedans génétique que se fait notre hominisation supérieure mais par le dehors social.

Là justement est le litige crucial avec l’idéologie bourgeoise du « on ne changera pas l’homme » – comme s’il n’avait pas déjà immensément changé au cours des millénaires. Plus largement je reproche à ce matérialisme naturaliste d’être terriblement réducteur, parce que philosophiquement fruste.

Pour un matérialiste comme Mario Bunge rien n’existe que le tangible, de sorte qu’il est incapable de rendre compte valable du virtuel, du potentiel, du culturel, du conceptuel, du mathématique… J’ai tenté au contraire, à partir de Marx et en allant plus loin dans son sens, de développer une catégorisation matérialiste permettant de penser tout le réel en son immense diversité. C’est cela, à mon avis, être « scientifique » dans l’ordre philosophique…

Cet extrait de l'entretien de Lucien Sève avec Lucien Degoy publié dans l'Humanité et plus particulièrement la phrase que j'ai soulignée, dans sa simplicité (tout n'est pas simple dans le langage des philosophes) exprime bien une conception de l'homme, et du rôle de la société, dans son développement. Evidemment s'en tenir à cette affirmation, bien que le réel de nos vies le confirme à chaque instant, ne peut suffire pour les chercheurs philosophes qui publient des milliers de pages pour en démontrer la justesse !

La formation de l'homme, avant tout être social, n'apparait pas aussi clairement fondée sur sa socialisation pour qui l'examine sous l'angle de son comportement séculaire ou l'égoïsme et la violence ont pris une part importante dans son évolution."

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On ne changera pas l'homme ?

Par Jacques Laupies, le 20 octobre 2014

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